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Musiques à l’Usine, dites-vous ?

Musiques à l’Usine est une association Loi 1901, dont l’objet est la promotion de la chanson française sous toutes ses formes et dans tous ses états, passé, présent et à venir.

Elle est née du souhait d’une chanteuse, Michèle Bernard, de réunir autour d’elle, dans le village où elle a choisi de poser ses valises, des amis amoureux de la chanson prêts à mettre comme elle leurs talents et savoir-faire au service de ladite chanson.

Pourquoi baptiser "Musiques à l’usine" une association préoccupée de chanson ? Parce que son siège se situe à Saint-Julien-Molin-Molette, haut-lieu au début du vingtième siècle des différentes industries du tissage de la soie (dévidage, bobinage, teinture, tissage) dans le verdoyant Parc du Pilat, département de la Loire, et que l’activité de l’association s’est développée dans les usines désaffectées où résonnent encore le battement assourdissant des métiers et les chants des ouvrières, chants du quotidien de plaisir et de peine, chants de lutte : colère et espoir. Les usines gardent dans leurs pierres l’histoire des hommes, la chanson continue de la transmettre et de s’en nourrir pour se transformer.



Que faisons-nous ?!

Depuis 1992, Michèle Bernard et son équipe sont à l’origine de plusieurs manifestations culturelles dans le village de Saint-Julien-Molin-Molette (Parc Régional du Pilat), où elles créent l’Association “Musiques à l’Usine”. Les activités de l’association se sont développées au sein du village de Saint Julien mais également à l’extérieur.

“Musiques à l’usine” rassemble aujourd’hui autour de 200 adhérents répartis dans toute la France.

La chanson est notre base de travail. Elle est au carrefour de tous les arts et de toutes les cultures : musique, littérature, théâtre, danse, chant, poésie, polyphonie... Tout en étant un mode d’expression à part entière, elle est un précieux témoin de l’Histoire, celle des sociétés comme celle des individus. Souvent méprisée, la chanson est pourtant une part importante du patrimoine culturel de chaque pays.

Culture populaire par excellence, elle touche toutes les générations. Elle est notre mémoire collective, mais avant tout un art vivant, capable d’intégrer tous les styles musicaux, de s’adapter à toutes les mutations technologiques, sans pour autant perdre son âme.

Elle est aussi un outil pédagogique de premier plan : en matière d’éducation et d’éveil des enfants, elle permet une approche directe de plusieurs disciplines artistiques, une meilleure appréhension du monde.

Grâce à la musique, la chanson est un moyen universel de communication, qui permet d’accéder de manière simple et vivante à d’autres cultures.

Notre travail de formation, de création, d’animation s’adresse soit à des professionnels du spectacle, soit à des amateurs, adultes, adolescents, enfants.


Extraits du texte de Marcel Notargiacomo pour l’ Assemblée Générale du 3 février 2013

La chanson, marque de fabrique de Musiques à l’Usine, est un art vivant profondément populaire, sans doute le plus populaire de tous ; elle fait partie du vivant de notre patrimoine et de nos créations culturelles en mouvement. Jean - Jacques Rousseau voit dans le chant le langage inaugural, un univers de l’émotion pure, la voix humaine se laissant percevoir comme la résonance de l’âme même .

Musiques à l’Usine, c’est un collectif passionné de chansons qui chemine selon les saisons avec différents partenaires. (...) il me semble important de rappeler dans quel environnement politique, culturel, continue à œuvrer Musiques à l’Usine.

Depuis Mai 2012, s’est mis en place un nouveau contexte politique, succédant à une période de régression profonde dans pratiquement l’ensemble des domaines qui constituent le socle vital d’une société ; régressions qui ont aussi amputer l’éducation, l’activité culturelle et artistique : austérité budgétaire, fragilisation de Compagnies, d’artistes, de structures culturelles, d’associations d’éducation populaire, mise en difficultés budgétaires des collectivités territoriales qui assurent - et ce n’est pas inutile de le rappeler - les trois quarts des dépenses de l’action culturelle et artistique et qui sont pour une large part les interlocutrices directes des acteurs culturels.

A propos de ce constat de régression des politiques culturelles et de la place qui doit et peut leur être donnée, notre actuelle Ministre de la Culture, Aurélie Filippetti se positionne ainsi, dans un entretien au journal Le Monde ; je la cite : « Ce qui m’a surprise en prenant mes fonctions, c’est l’ampleur du désarroi. Des artistes, des professionnels, des gens passionnés , excellents, se trouvaient confrontés à une crise d’identité. L’enjeu essentiel pour moi est de montrer que la culture est le disque dur de la politique du point de vue de la citoyenneté et de l’économie . Il n’y aura pas de redressement productif sans redressement créatif ».

Ce redressement créatif affirmé est pourtant dans le même temps toujours en difficulté, puisqu’en 2013, on constate que le budget de la Culture est en baisse. Notre Ministre explique cette situation : « On traverse une crise économique inouïe, tout le monde doit être mis à contribution. Nous suspendrons ou reporterons des projets d’équipements extrêmement coûteux. Par contre nous apporterons un soutien plus important à l’éducation artistique, le gouvernement ne promet pas de construire une nouvelle pyramide du Louvre, mais une petite pyramide dans la tête de chaque enfant. Nous préserverons l’enveloppe du spectacle vivant et des arts plastiques. Ce n’est pas une fleur, les compagnies de théâtre, de danse, les festivals créent de l’activité partout en France. L’assurance chômage pour les artistes et les techniciens du spectacle, ce n’est pas un système pour les privilégiés, mais pour des gens précaires. Il faudra cependant renforcer les contrôles et sanctionner les abus ».

Ce sujet de l’assurance chômage pour les artistes et techniciens du spectacle, est en train de ressurgir vigoureusement dans le cadre des négociations en perspective, puisque la cour des Comptes vient d’attribuer une nouvelle fois une partie de la dérive financière de l’assurance chômage au régime des intermittents, déficit annuel dit – elle, au profit, de 3 % des demandeurs d’emploi. Affirmations donc de nouvelles orientations de politique culturelle, mais vigilance citoyenne à avoir au niveau de chacun, chacune d’entre nous, pour vérifier leurs concrétisations par des actes et dans la durée . En ce début de 2013, face à ces déclarations, on peut légitimement se poser les questions suivantes : Comment ce qu’on nomme la Culture dont la chanson fait partie, peut-elle tisser du lien social, si une politique économique, sociale en perte de valeurs et de sens continuait à détruire des vies jour après jour ; comment pourrait-elle alors apporter une plus-value en terme de citoyenneté, de conditions de vie meilleures, pourtant tant proclamée.

Et puis, à quoi servent les mots si nous ne rappelons pas aussi que nos métiers du spectacle vivant n’échappent pas aux paradoxes de la planète.

Dans nos sociétés du spectacle , nous baignons en permanence dans une contagion émotionnelle planétaire, contagion qui paralyse trop souvent une prise de distance, la place pour la réflexion et l’action ; mise à distance d’autant plus nécessaire que nous subissons une injonction à vivre dans l’immédiateté où seule compte l’intensité des morceaux du temps : une image chasse l’autre, un événement chasse l’autre, une mort chasse l’autre … Ne faire appel qu’au registre de l’émotionnel est une technique classique de communication manipulatoire court-circuitant notre sens critique. Le linguiste Américain Noam Chomsky a beaucoup travaillé sur ces stratégies de manipulations à travers les médias, notamment la stratégie de la distraction qui est un élément primordial du contrôle social.

Une dernière remarque et une réflexion pour les saisons à venir Nous vivons une période impactée par une révolution numérique, une période transformée par les nouvelles technologies dont internet, où s’opèrent des changements profonds, notamment dans le champ de l’information, dans les domaines de l’art, de la culture et de l’éducation populaire. Bouleversements riches de potentialités, fascinants et en même temps inquiétants au regard des usages multiples qui peuvent en être faits, dont des comportements addictifs. De fait, nous ignorons encore beaucoup des modes de changements que cette révolution numérique peut entraîner notamment au niveau de nos modes de pensées, de nos modes de relations, de nos modes de vies.

Savons-nous par exemple, que pendant le temps de lecture de ce rapport moral, à chaque micro seconde, des robots traders auront fait circuler des milliards de transactions financières à travers la planète. Perversité et obscénité d’un système capitaliste au service de la finance à haute fréquence qui fabrique, méprise, misères et souffrances de millions d’êtres humains, même si des hommes et des femmes lucides et combatifs de plus en plus nombreux à travers le monde explorent et font monter l’aspiration à d’autres quotidiens et horizons de vies.

Alors, pour conclure cette introduction à notre Assemblée Générale, à contre courant des robots traders, résistons aussi avec la chanson, « la chanson - comme le dit avec infiniment d’intelligence et de sensibilité Michèle Bernard - pour y explorer les 5 sens, les 4 points cardinaux, les 10 commandements, et les milliers de sens cachés, interdits, endormis, mais toujours prêtes à rebondir, la vie quoi, un sacré bazar où il faut bien trouver son bonheur ».

Et puis, en disant grand merci à cette belle équipe qu’est Musiques à l’Usine je vous fais aussi partager ces quelques extraits d’un texte que Michèle m’a fait découvrir de Lanza Del Vasto

 Chante
 Chante à longs traits comme on boit à la source quand on a soif
 Laisse couler la voix selon sa loi propre et la pente du moment
 Chante pour tenir tête au temps
 Je chante les visages joyeux aux cils battants, aux lèvres mouillées
 Je chante les amoureuses aux chairs de neige et de lilas
 Je chante les cloches de mon village
 Je chante les maisons sonnantes de travaux,
 de voix claires et de rires enfantins
 Je chante la flambée des belles saisons,
 la verdeur des jardins et la brise marine au bord des grands départs
 Je chante ce moment-ci que je tiens entre mes dents.
 

Marcel Notargiacomo, ancien président